2ème jour à Njagabaar - 7ème jour de voyage - le Parc du Djoudj
Le marigot gonflé de vie s’ébroue aux premières lueurs de l’aube. Notre réveil matin est un vanneau éperonné qui s’époumone sans relache sur les rives de la mare.
La communication se fait par gestes et sourires.
Avant que les habitants du Parc ne viennent enrichir le village, ce dernier fut fondé par un Peul et ses deux femmes parce qu’il y avait un point d’eau. Un blanc de passage avait baptisé ce village sans nom de « maison calme et plaisante », dont la traduction en Peul est Diadjam d’où le nom actuel. Chose marrante, mon nom breton « Kenkiz »(francisé en Quinquis), signifie la même chose !
Une heure plus tard, la roue de la charette est réparée et nous partons après avoir réglé directement le villageois.
Sacré périple de plus d’une heure pour gagner l’embarcadère. Il faut bien s’accrocher car la piste qu’emprunte notre cocher n’est pas tout le temps la grande digue droite de terre, surélevée pour ne pas être inondée en saison des pluies bien plate. Souvent il descend sur les bas cotés, afin que son cheval ne soit pas effrayé par les 4X4 et les minibus qui, sans être nombreux, foncent à tout allure vers l'embarcadère pour y déposer les touristes.
Nous ne voyageons pas du tout dans les mêmes conditions !!
A plusieurs reprises nous manquons de tomber du plateau de planches disjointes sans prises avec lequel nos fessiers tentent de garder le contact. Fréquemment notre "pilote" installé à l’avant, nous jette un regard bienveillant et rieur par-dessus son épaule afin de s’assurer que nous sommes toujours là !
L’avantage c’est que, à la vitesse ou nous avançons (celle d’un cheval au pas pressé) nous pouvons scruter le paysage et sauter de la charrette facilement quand nous voyons une famille de phacochères.
avant de se retourner à nouveau en nous toisant du regard , trépignant sur place et hochant la tête ou plutôt ce qui en fait office… Puis ils se remettent sur leurs avant-bras pour broutter en nous surveillant du coin de l'oeil..
Enfin l’embarcadère, nos fesses durcies et nos bras tétanisés se réjouissent à l’avance de la douceur pressentie d’une balade en pirogue. Notre charetier s'en va attendre notre retour à l'ombre des rares arbustres.
Il n' y a plus de pirogues disponibles.
Pour nous faire patienter, ainsi que les quelques touristes présents, les guides montrent aussitot les quelques pythons de Seba qui sont effectivement là,font le spctacle à moitié planqués en pleine thermorégulation, sous les plaques de béton près de l’embarcadère. Pas farouches car habitués aux ombres mouvantes des centaines de touristes qui leur tournent autour chaque jour. Je laisse les attroupements, et marche plus loin à 200 mètres à l’écart du bruit et des exclamations, je me doute qu’il y a bien plus intéressant. Effectivement une jolie femelle solitaire de 2,50 m est là, bien à découvert au calme, qui prend le soleil. Je m’en approche, accroupi pour ne pas lui faire peur. Elle a détecté ma présence amie, ses pupilles ont pivoté dans ma direction, derrière l'écaille fixe et transparente qui sert de protection;
Elle me regarde sans fuir, et j’ai tout le loisir de l’observer. Elle me rappelle Valentin mon python molure né en captivité, Voyez les différences entre la femelle Seba
Mais au fait comment sais je que le python que j'observe au bord du Djoudj est un femelle ? Parce qu'au bout d'un moment, un autre individu pointe prudemment sa tête juste sous mes pieds.
Il sort du dessous de la plaque de béton sur laquelle je suis accroupi en équilibre instable et entreprend une cour effrenée à la femelle. Il frotte ses flancs de son menton, s'entortille autour d'elle, lui sort le grand jeu. Superbe et inattendue rencontre ! Pris de crampes,je n'ose bouger de peur de briser l'idylle.
Valérie me rejoint et a juste le temps d'observer la danse nuptiale, car sous les sollicitations du mâle, la femelle Seba s'énerve et s'enfuit dans les herbes, le mâle la suivant scrupuleusement, plaçant ses ondulations dans les siennes. Nos deux tourteraux finiront par consommer le mariage dans la chambre nuptiale à l'abri d'une plaque de béton, se soustrayant regards des touristes et des gardes essouflés, attirés en courant par notre immobilité.
La pirogue villageoise est là , en route pour la balade dans les méandres du Djoudj.
Quand on arrive au débarcadère du Djoudj on est tout de suite dans l'ambiance, un paradis, un éden naturel ou l'on se sent tout petit face à l'omninprésence animale, des centaines de pélicans blancs
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Leur technique de pêche est spectaculaire, ils encerclent le poisson et plongent la tête la première.
Des sarcelles d'été, des dendrocygnes
pêchent ou se reposent dans la grande étendue d'eau qui constitue le point de départ de la balade qui va durer une heure et demie aller retour.
En route , armés de nos jumelles et de l'appareil photo nous nous mettons tout de suite à l'avant de la pirogue pour bénéficier du maximum de visiblité. Un pélican blanc immature tente un amerrissage
Réussi !
Mon vieux téléobjectif de 300 mm commence à me faire des misères, merdum, les photos sont toutes complètement surex! c'est bien le moment ! la faute à une commande de diaph récalcitrante, plus je ferme le diaph plus cela déraille! Ca va pas être facile sur cette pirogue de choisir la bonne vitesse d'obturation, mais on va faire avec ! Voici tout de même une galerie de cette balade ou de grandes zones où la vie est moins présente, alternent avec des coudes plus prolifiques en bestioles....
Les rives recèlent des "trésors" comme ce varan du nil; enfin nous voyons la tête de celui qui nous avait nargué à Marlotj dans le Sine Saloum ! Il se jette tranquillement dans l'eau à l'approche de la pirogue. Ils savent tout faire les varans, grimper aux arbres, courir, nager.. Il ne leur manque que des ailes pour incarner le dragon mythique de nos lectures enfantines et effrayées...
Encore un pygargue vocifère, mais version adulte ce coup ci.
La pirogue villageoise qui arrive attendra gentillement son tour , nous laissant le temps d'observer le second varan que nous rencontrons
Des familles de phacochères, restent auprès de l'eau , la djoudj est un pays semi désertique et les rives des plans d'eau et des
rivières offrent des petites forêts galeries qui sont de vrais
abris de relative fraicheur et surtout offrent l'eau. Voilà pourquoi observer les rives depuis une pirogue permet d'observer tant d'animaux qui de plus se méfient moins des approches.
A SUIVRE.....................