2ème jour à Njagabaar - 7ème jour de voyage - le Parc du Djoudj

Le marigot gonflé de vie s’ébroue aux premières lueurs de l’aube. Notre réveil matin est un vanneau éperonné qui s’époumone sans relache sur les rives de la mare.


 
 




Après un bon pti dej, nous nous pressons de préparer nos affaires, motivés par la perspective d’aller enfin visiter le Parc Naturel du Djoudj en pirogue. La fraicheur matinale est une vraie libération et il y a comme une urgence à en profiter tant nous savons le rythme va forcément se ralentir au fur et à mesure des heures de plus en plus chaudes.
Nous cherchons une charrette, un cheval et son cocher pour nous mener dans un premier temps à l’entrée du Parc (distante de 7 km de Diadiam3) à la maison des gardes afin d’acheter un pass nécessaire à toute visite.
Le pass coûte environ 5000 Cfa (soit environ 8 euros) et est valable 24 heures. Le bon plan, est de le prendre à l’heure de midi ce qui permet donc de s’y rendre deux fois, l’apres midi du jour même et le matin du lendemain.

Ensuite nous reprendrons la charrette et parcourrons les 7 kilomètres qui séparent l’entrée du parc de l’embarcadère ou nous prendrons une pirogue villageoise.
Il existe une concurrence âpre entre les piroguiers villageois et ceux travaillant pour l’Hôtel du Djoudj .
Ces derniers détiennent une sorte de monopole chronilogique et entendent bien occuper toute la place vu que l’hôtel est plus ancien que les villages en gestion participative.
Sur l’eau cela se traduit par des comportements lamentables. Quand notre guide-piroguier repère un croco ou un varan, et s’en approche précautionneusement, surgit aussitôt une pirogue de l’Hotel du Djoudj qui s’intercale sans ménagement entre notre pirogue et l’animal. Ses touristes peuvent ainsi mitrailler la bestiole, nous bouchant la vue et la faisant fuir sans aucun scrupule, nous abandonnant une place vide.
De même les piroguiers villageois ne peuvent remplir leur bateau qu’une fois que les autres l’ont fait.

Il est inadmissible de voir de tels comportements et la direction du Parc devrait intervenir auprès du propriétaire du grand hotel du Djoudj afin que chacun puisse travailler en bonne intelligence.
Il est certain que le complexe hotelier du Djoudj, ses cocotiers , son self à l’occidentale, sa grande piscine hébergent la grande majorité des visiteurs. Mais c’est incompréhensible qu’on ne laisse pas l'éco tourisme avoir sa part du gâteau.

Notre  conseil est donc de prendre un ticket pirogue (3500 cfa/5 euros) à la case BoutikBi (commerce artisanal équitable) à coté du guichet ou l’on prend le pass à l’entrée du parc, puis une fois arrivé à l’embarcadère, de ne pas se laisser influencer par les piroguiers de l’hôtel qui vous sautent dessus (tous les piroguiers attendent des pourboires), mais d’aller au deuxième ponton et de prendre une pirogue bleu et blanche (Villages) et non pas verte (Hotel). Non mais !!!

Les habitants de Diadiam3 ne parlent pas un mot de français et Cheikh se fait l’interprête puis nous laisse avec les habitants. Ceux-ci ont bien une charrette et un cheval,

 
 



mais il faut une roue en bon état et la réparation va prendre du temps. Nous laissons passer le délai africain dans ce village paisible ou la vie poussiéreuse coule au rythme invariable des vents de sable, de la saison des pluies et de ses moustiques qui enferment bêtes et hommes dans des moustiquaires géantes ,

 
 




et de l’ étuve de la saison sèche ou tout le monde se cloitre dans des abris . La vie n’est vraiment pas simple ici et la nature impose implacablement ses caprices.
Au milieu des enfants espiègles et des jeunes filles-mères auxquelles il est bien difficile de donner un âge, nous découvrons le quotidien des peuls de Diadiam3. L 'homme fait la sieste, la femme balaie...

 
 



 
 



 
 




La communication se fait par gestes et sourires.
Avant que les habitants du Parc ne viennent enrichir le village, ce dernier fut fondé par un Peul et ses deux femmes parce qu’il y avait un point d’eau. Un blanc de passage avait baptisé ce village sans nom de « maison calme et plaisante », dont la traduction en Peul est Diadjam d’où le nom actuel. Chose marrante, mon nom breton « Kenkiz »(francisé en Quinquis), signifie la même chose !

Une heure plus tard, la roue de la charette est réparée et nous partons après avoir réglé directement le villageois.
Sacré périple de plus d’une heure pour gagner l’embarcadère. Il faut bien s’accrocher car la piste qu’emprunte notre cocher n’est pas tout le temps la grande digue droite de terre, surélevée pour ne pas être inondée en saison des pluies bien plate. Souvent il descend sur les bas cotés, afin que son cheval ne soit pas effrayé par les 4X4 et les minibus qui, sans être nombreux, foncent à tout allure vers l'embarcadère pour y déposer les touristes.
Nous ne voyageons pas du tout dans les mêmes conditions !!
A plusieurs reprises nous manquons de tomber du plateau de planches disjointes sans prises avec lequel nos fessiers tentent de garder le contact. Fréquemment notre "pilote" installé à l’avant, nous jette un regard bienveillant et rieur par-dessus son épaule afin de s’assurer que nous sommes toujours là !
L’avantage c’est que, à la vitesse ou nous avançons (celle d’un cheval au pas pressé) nous pouvons scruter le paysage et sauter de la charrette facilement quand nous voyons une famille de phacochères.

 
 



Nous entamons une partie de cache-cache avec eux. Leur comportement un peu déjanté est vraiment marrant, faisant mine de charger si on les approche, ils font volte face et détalent sur dix mètres,




avant de se retourner à nouveau en nous toisant du regard , trépignant sur place et hochant la tête ou plutôt ce qui en fait office… Puis ils se remettent sur leurs avant-bras pour broutter en nous surveillant du coin de l'oeil..







Enfin l’embarcadère, nos fesses durcies et nos bras tétanisés se réjouissent à l’avance de la douceur pressentie d’une balade en pirogue. Notre charetier s'en va attendre notre retour à l'ombre des rares arbustres.
Il n' y a plus de pirogues disponibles.
Pour nous faire patienter, ainsi que les quelques touristes présents, les guides montrent aussitot les quelques pythons de Seba qui sont effectivement là,font le spctacle à moitié planqués en pleine thermorégulation, sous les plaques de béton près de l’embarcadère. Pas farouches car habitués aux ombres mouvantes des centaines de touristes qui leur tournent autour chaque jour. Je laisse les attroupements, et marche plus loin à 200 mètres à l’écart du bruit et des exclamations, je me doute qu’il y a bien plus intéressant. Effectivement une jolie femelle solitaire de 2,50 m est là, bien à découvert au calme, qui prend le soleil. Je m’en approche, accroupi pour ne pas lui faire peur. Elle a détecté ma présence amie, ses pupilles ont pivoté dans ma direction, derrière l'écaille fixe et transparente qui sert de protection;




Elle me regarde sans fuir, et j’ai tout le loisir de l’observer. Elle me rappelle Valentin mon python molure né en captivité, Voyez les différences entre la femelle Seba

 
 



et Valentin, mon pépère Molure agé de 7 ans, long de 3 mètres dont je vous propose 3 photos en guise d'intrusion captive et momentanée au beau milieu de cette nature sauvage....




 

 

 
 




 
 



Voilà pour cet aparté destiné simplement à permettre d'apprécier l'extrême similarité de ces deux espèces très proches à tous les points de vue, mais dont les biotopes orginels sont distants de plusieurs millers de km (Afrique pour le Seba, Asie du Sud Est pour le molure. La dérive des continents..

 

Mais au fait comment sais je que le python que j'observe au bord du Djoudj est un femelle ? Parce qu'au bout d'un moment, un autre individu pointe prudemment sa tête juste sous mes pieds.

Il sort du dessous de la plaque de béton sur laquelle je suis accroupi en équilibre instable et entreprend une cour effrenée à la femelle. Il frotte ses flancs de son menton, s'entortille autour d'elle, lui sort le grand jeu. Superbe et inattendue rencontre ! Pris de crampes,je n'ose bouger de peur de briser l'idylle.

 
 



 
 



 
 

 
 



Valérie me rejoint et a juste le temps d'observer la danse nuptiale, car sous les sollicitations du mâle, la femelle Seba s'énerve et s'enfuit dans les herbes, le mâle la suivant scrupuleusement, plaçant ses ondulations dans les siennes. Nos deux tourteraux finiront par consommer le mariage dans la chambre nuptiale à l'abri d'une plaque de béton, se soustrayant regards des touristes et des gardes essouflés, attirés en courant par notre immobilité.

La pirogue villageoise est là , en route pour la balade dans les méandres du Djoudj.

Quand on arrive au débarcadère du Djoudj on est tout de suite dans l'ambiance, un paradis, un éden naturel ou l'on se sent tout petit face à l'omninprésence animale, des centaines de pélicans blancs

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Leur technique de pêche est spectaculaire, ils encerclent le poisson et plongent la tête la première.
Des sarcelles d'été, des dendrocygnes

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pêchent ou se reposent dans la grande étendue d'eau qui constitue le point de départ de la balade qui va durer une heure et demie aller retour.
En route , armés de nos jumelles et de l'appareil photo nous nous mettons tout de suite à l'avant de la pirogue pour bénéficier du maximum de visiblité. Un pélican blanc immature tente un amerrissage

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Réussi !


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Mon vieux téléobjectif de 300 mm commence à me faire des misères, merdum, les photos sont toutes complètement surex! c'est bien le moment ! la faute à une commande de diaph récalcitrante, plus je ferme le diaph plus cela déraille! Ca va pas être facile sur cette pirogue de choisir la bonne vitesse d'obturation, mais on va faire avec ! Voici tout de même une galerie de cette balade ou de grandes zones où la vie est moins présente, alternent avec des coudes plus prolifiques en bestioles....

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Les rives recèlent des "trésors" comme ce varan du nil; enfin nous voyons la tête de celui qui nous avait nargué à Marlotj dans le Sine Saloum ! Il se jette tranquillement dans l'eau à l'approche de la pirogue. Ils savent tout faire les varans, grimper aux arbres, courir, nager.. Il ne leur manque que des ailes pour incarner le dragon mythique de nos lectures enfantines et effrayées...

 
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Des grands cormorans au poste séchage

 
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Une pygargue immature vocifère, quel spectacle, une vraie arche de Noé !
 
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Encore un pygargue vocifère, mais version adulte ce coup ci.

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La pirogue villageoise qui arrive attendra gentillement son tour , nous laissant le temps d'observer le second varan que nous rencontrons

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Des familles de phacochères, restent auprès de l'eau , la djoudj est un pays semi désertique et les rives des plans d'eau et des
rivières offrent des petites forêts galeries qui sont de vrais
abris de relative fraicheur et surtout offrent l'eau. Voilà pourquoi observer les rives depuis une pirogue permet d'observer tant d'animaux qui de plus se méfient moins des approches.

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A SUIVRE.....................