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Lundi 8 Mars, 6 ème Jour, vers Le Djoudj (en passant par St Louis), Njagabaar

 On reprend les sacs à dos ; quelle plaisir de repartir pour un nouveau petit voyage, direction la terre promise du Djoudj, à 60 km au nord de St Louis, le long du fleuve Sénégal qui fait la frontière avec la Mauritanie. Nous pensons rallier St Louis où l'on a besoin de faire le plein de CFA car il n’y a que dans certaines villes qu’existent des banques avec guichets automatiques.
Nous sommes tombés d accord avec Mamadou, que nous retrouvons avec grand plaisir, sur un prix nettement plus avantageux qu’à l’aller. Après les habituelles ruses de part et d’autres : téléphone que je raccroche parce qu’il ne veut pas baisser suffisamment, une demi heure après il rappelle pour dire que c’est OK. Sa vieille Mercedes nous conduira à Thies depuis Ndangane une fois que la pirogue de 10h nous aura arraché à Marlotj. Ensuite si nous arrivons assez tôt dans l après midi à Thies, nous essaierons de prendre un taxi brousse 7 places depuis la gare routière de Thies jusqu à St louis. Enfin, un taxi de ville devrait nous déposer au Louisiane, hôtel du centre ville. Voila le programme idéal si le timing africain suit... Bon, Let’s go !

 



Le voyage se déroule à travers les mêmes paysages qu’à l’aller , toujours Joal Fadiouth et ses fumoirs à poissons-dépotoirs.



 



 

Nous passons non loin de la réserve privée de Bandia régulièrement approvisionnée en grands animaux (girafes, rhinos…), afin que les touristes de Sally aient leur petit Safari sans trop se fatiguer.
La journée est longue et le vent toujours aussi brûlant de l’arrière pays s’engouffre dans la merco toujours surchauffée. Enfin Thies, que nous atteignons après deux heures de route : Jolie ville très jeune, très animée. Gare routière de Thiès.

 



On paye un coup à boire à Mamadou à la gare routière : rapide coca englouti en 2min dans la voiture car si nous nous avons le temps, le temps est lui est compté , il a le voyage retour à faire. Nous lui disons, très, trop rapidement au revoir et inch allah car après uniquement 1-2 discussions avec les chauffeurs de taxi brousse, il nous a trouvé chauffeur à notre pied pour rallier St Louis et nous partons tout de suite !!! Trop Fort Mamadou !! Génial, le temps de charger les sacs sur ce qu’il reste du toit de ce qu’il reste d’une 504 break !!Heu , ça roule çà ?? Et hop nous partons.
Déjà il y a deux chauffeurs, c’est plus sûr, comme cela avec un peu de chance, c’est celui qui conduit pas qui s’endort.
Le truc pour rendre le taxi-brousse 7 places supportable sur une longue distance, c’est de négocier avec le chauffeur une place supplémentaire sur la banquette de trois. Cela a deux avantages : on part plus rapidement car le taxi-brousse ne part que quand il est plein, et on n est pas compressé sur notre banquette. Et là on a vraiment de la chance car la troisième banquette est rabattue car le coffre est plein de tapis.
Les 3 heures de route à 60 km/h de moyenne se passent bien , le chauffeur qui ne conduit pas s’est effectivement endormi. Et nous aussi, comme cela on ne voit pas les arbres qui traversent la route !! Ne parlant pas français, on ne peut malheureusement tellement discuter.. mais quelques mimiques suffisent pour se comprendre … Parfois avec du retard : nous demandons au chauffeur de faire une pause cigarette mais il nous fait comprendre que non, ici on ne peut pas ! Nous pensons qu’il ne veut pas que l’on fume dans sa « cariole » et n’insistons pas. Une demi heure plus tard il essaie de nous faire comprendre en mimant quelqu’un qui fume qu’on va bientôt s’arrêter pour nous permettre de fumer. En fait nous saurons plus tard que nous avons traversé sur une commune ou la ferveur musulmane est telle qu’entre autres choses, fumer dehors est interdit !
Nous arrivons donc à la gare routière de St Louis , claqués , entre autre parce que le taxi brousse et les routes sénégalaises ne sont vraiment pas reposantes bien que nous n‘ayons eu que des routes goudronnées depuis Thies.

Re-négociation avec 2 chauffeurs pour nous rendre sur l ile de St Louis à hotel Louisiane , le premier n’accepte pas notre prix, le deuxième oui : et zou moitié prix !! on devient des pros !! Peut être qu’on se fait quand même avoir, mais au moins on a l’impression sinon, de faire des affaires, d’au moins les mériter !

Coté Arnaque, puisqu’on se fait tous avoir au moins une fois, une petite qui nous a bien « amusé ». Lors d’un nos déplacement à Ndangane, sur le continent, depuis Marlotj , nous avions loupé le dernier « bus » pour retourner sur « notre » île . Le bus est une pirogue « régulière » , qui fait le trajet exactement à peu près à heure fixe, 2 ou 4 fois par jour, selon la marée et l’âge du capitaine de pirogue…. Bon c’est pas très cher non plus, 250 CFA la place soit environ 40 centimes d’euro pour une demi heure de pirogue chargée de gens, de sacs de riz, de groupe électrogène et de chèvres. Mais bon, pas de bol, elle est déjà partie.. ou pas encore arrivée nous dit-on… Alors que nous jurons l’avoir vue il y a encore un quart d’heure…volatilisée, dérobée par les pélicans sûrement. Enfin y en a plus quoi et il n’y en aura pas d’autres selon les uns et même les autres d’ici le milieu d’après midi .Pas d’autre solution que de prendre un des piroguiers du GIE du port de Ndnangane. Seulement, pas de chance encore, ce n’est plus du tout le même tarif, l’un d’eux nous annonce 6000 CFA la pirogue , soit 3000 CFA la place (soit environ 4 euros) !! Nous refusons, mais impossible de négocier avec eux, ils savent que nous n’avons pas d’autres solutions pour rentrer à Marlotj, et de plus nous devons être au minimum huit personnes sinon ils ne partent pas. Un sénégalais endimanché vient nous dire que lui aussi a loupé le « bus », qu’il doit absolument rentrer à son village sur Marlotj, cela tombe bien nous aussi, on n’a vraiment pas envie de passer une nuit à Ndangane, on veut rentrer sur « notre » île..
Mais il n’a pas d’argent, au chômage, il ne peut pas payer ce prix. Il nous dit d’attendre, de le laisser faire, et qu’il va chercher d’autres gens pour remplir la pirogue et donc , pensons nous, faire baisser au maximum le prix. Bon on le laissen faire, il fait chaud, on n’a pas mangé, pas la force de réfléchir d’avantage. Un quart d’heure après, il repasse nous demander nos 4000 CFA car il doit négocier encore maintenant avec le piroguier, il nous dit d’attendre encore, que cela devient bon mais qu’il n’a pas encore assez de gens pour les 2000CFA (soit 8 personnes) ..Je lui donne l’argent…..Il disparait dans la foule sur la plage. Et nous patientons, pas grave c’est les vacances !! Nous jouons à cache cache à l’ombre, avec les enfants…le temps passe, et alors que nous pensons que nous ne reverrons pas notre argent, il nous appelle en faisant des grands moulinets avec ses bras, il a trouvé 25 personnes pour aller à Marlotj !!
Nous nous regardons un peu bêtes (...), comment avons-nous pu penser une seconde qu’il nous arnaquerait ! ben…Pendant qu’une vingtaine de femmes et d’enfants grimpent dans la pirogue, nous lui demandons comment on fait, qui paye combien ? D’un air désolé et compatissant , il nous répond qu’il ne peut vraiment pas faire payer ces pauvres enfants , certains orphelins, ni toutes ses femmes sans le sou, mais qu’il s’est arrangé et qu’on part ! C’est le principal non ? On part !! Mais on ne manque pas de lui dire que sa façon de faire nous déplait- qu’au moins quelqu’un d’autre ne se fasse pas avoir une autre fois , mais il n’a pas l’air de comprendre..…on s’est fait avoir, royalement c’est tout !!.. et nous prenons place, pauvres blanc-becs entassés au milieu d’une pirogue de wolof rieurs, ou une vingtaine de paire d’yeux que l’on jurerai légèrement moqueurs et autant de sourires nous aident vachement à avaler une pilule amère….Nos calculs de conversion nous permettent de paraitre cool en souriant jaune, contre mauvaise fortune, ce n’est jamais que quatre euros que nous avons perdus…. Et à bien y regarder en fait, personne ne fait attention à nous sur la pirogue. Nous ne saurons jamais qui a payé quoi, si le gars qui nous dit au revoir d’un grand sourire en descendant de la pirogue une fois arrivé, a tout gardé pour lui ou s’il a réellement fait valoir notre grande générosité auprès des autres voyageurs.
Le fin du fin, c’est que nous reverrons cet homme, à la sortie de la messe au TamTam, venir vers nous, nous saluer chaleureusment et nous serrer la main le plus simplement et le plus cordialement du monde, sans l’once d’un remord apparent ni d’une moquerie nous souhaiter une bonne journée s’en aller tranquillement. Là on commence à se poser des questions existentielles : quelqu’un qui aurait vraiment conscience de nous avoir arnaqué serait il venu plusieurs jours plus tard nous saluer à l’occasion ? Ces diables de négociants ont le commerce dans le sang et une fois qu’une affaire est conclue, arnaque ou pas, tout va bien, tout le monde est heureux puisque l’on a trouvé un terrain d’entente.. D’où sa grande incompréhension quand on lui a demandé des explications après coup. L’erreur évidemment a été d’accepter de lui confier nos 4000 CFA, à partir de ce moment là il a conclu qu’il pouvait en faire ce qu’il voulait et que du moment que la pirogue partait cela nous convenait...Il a essayé ,ça à marché. Et une leçon, une !!

 

Un petit passage à St Louis, première ville coloniale française d’Afrique , ou nous aurons beaucoup de difficultés à retirer des CFA ! Les guichets automatiques fonctionnent à l’africaine, de multiples messages folkloriques à l’écran, on ne voit pas à l’écran la somme que l’on saisi au clavier.. Les agents de sécurité présents présent à chaque distributeur (même si ce dernier est hors service…) nous diront que St Louis n’a plus de connexion informatique avec Dakar… Galère pour retirer des sous, quelques blanc sans le sou comme nous errent dans les rues à la recherche du bon plan !! Finalement, on arrivera à tirer quand même juste de quoi boucler le taxi brousse et le séjour à Njagabaar, le campement villageois du Djoudj ou nous partons demain.
Nous profitons de la fraicheur de la soirée pour aller nous balader dans St Louis ; nous allons à l’institut français de St Louis assister au spectacle de deux dakaroises, Las Cruellas, un « two Women Show ».

 



  (source Sénégal.com)
Deux femmes à l’humour bien décapant qui s’attaquent sans mâcher leurs mots aux rapports hommes- femmes en Afrique et ailleurs !! Extrêmement douées pour la comédie, elles n’épargnent personne, et si en tant qu’homme on rit parfois jaunes, les femmes ne sont pas non plus épargnées.
http://www.myspace.com/lescruellas
Avant de nous asseoir dans les gradins sous les étoiles, nous devrons d’abord laisser les militaires (dont certains sont des gamines de 15 ans flottant dans un uniforme beaucoup trop grand !) s’installer aux premiers rangs, ensuite sont autorisés à entrer les riches français de St Louis et les sénégalais de haut rang en costume et robe de soirée .. Drôle de mascarade aux relents colonialiste et élitiste que ce protocole...
Le spectacle fut excellent, les deux comédiennes sont hilarantes et les réparties sont très bien vues tout comme les thèmes abordés dans une série de petit sketchs sans tabous. A recommander sans réserve pour en apprendre un peu plus sur la façon dont fonctionnent le couple au Sénégal. Nous les reverrons à notre hôtel ou Marcel le sympathique propriétaire leur offre un verre et échangerons quelques mots avec elles. On se reverra ! elles viendront en Bretagne donner leur spectacle peut être au festival "Les Arts Dinent à l’huile" de Douarnenez, ou elles sont déjà venues se produire.


St Louis est une ville qui mise tout sur la culture depuis que sa fonction économique a été réduite à néant par Dakar. Mais cette culture (spectacles , festival de Jazz annuel) est surtout faite pour les blancs du coin et les gens assez aisés de St Louis. La population de St Louis préfère se rendre aux concerts de chants religieux, par exemple, qui ont lieu dans le quartier des pêcheurs. Ce n’est pas forcément une question de coût , car la place pour voir Las Cruellas par exemple ne côutait que 1 euro, mais tant que ces spectacles auront lieu dans des endroits aussi fermés que l’institut français ou bien le centre des Arts, la culture occidentale ne s’offrira pas aux petites gens, quand bien même ils ont aussi le droit bien sur de ne pas y adhérer…

Nous reviendrons à St Louis en fin de séjour, et ce sera l’occasion d’en parler plus longuement, car cette ville au charme décalé le mérite vraiment, mais pour l’heure nous partons vers ce qui sera le plus fort séjour de notre voyage : le campement villageois Njagabaar et le Djoudj !


Njgagabaar


Après 60 km de route puis de piste, dans un paysage de plus en plus sec et semi désertique, nous arrivons tout près de la frontière mauritanienne constituée par le fleuve Sénégal, aux portes du parc national du Djoudj.
Le parc national du Djoudj , créé en 1971, est situé sur un axe, le fleuve, dont les rives sont depuis longtemps occupées par les populations commerçantes pour rallier le désert à St Louis. Sept villages qui se trouvaient dans le périmètre du parc et ont été déplacés à l’extérieur. Ces sept villages, avec l’appui d’une association turinoise, tentent depuis une dizaine d’années, une expérience de gestion participative comme dans d’autres parcs sénégalais.
Il s’agit de coordonner, via un GIE et avec l’aide du Conservateur du parc, les actions d’un groupe d’écogardes , de piroguiers , de fabrique de produits artisanaux, et de campements écotouristiques gérés par le village. Les bénéfices générés sont réinvestis pour le développement de la communauté et la conservation du parc.
La carte ci-dessous , tirée de l’écoguide édité par la ville de Turin, montre une vue technique du parc.

 



A proximité du fleuve Sénégal, le parc du Djoudj est un réseau très complexe de marais et d’étangs d’eau douce reliés entre eux par des rivières. C’est la première zone humide que les oiseaux migrateurs qui ont traversé le Sahara rencontrent, ce qui explique en grande partie les quelques 3 millions d’individus et 350 espèces d’oiseaux que l’on y dénombre bon an mal an.
Les traits rouges sont nos balades en pirogue et à pieds à l’intérieur du parc.
Quatres villages maures (Diadem1, 2,3 et Rhone), deux villages wolof (Débi et Tigrette)
et un village peul (Fourarate) sont les sept villages déplacés situés en périphérie du parc.
Nous avons choisi de nous poser au village Peul de Didiam3 au campement villageois Njagabaar.
Il est situé à 1 km de l’entrée du parc, dans la zone tampon.

 



Il ne faut pas louper la pancarte sinon on se retrouve au bel hôtel du Djoudj, seulement un kilomètre plus loin, tout près de l’entrée du parc certes, mais à des années lumières de l’ambiance africaine, simple et humaine de Njagabaar et de Diadiam3.


Quelques cases très simples (mais en dur tout de même) à l’entrée du village au bord d’un marigot sont proposées aux visiteurs.

 

 L'intérieur d'une case, c'est pas un 3 étoile, c'est pas l'idée, mais c'est suffisant pour dormir (les ptites bêtes entrent et sortent, en prise directe avec la nature!)

 

 

 

Les moustiquaires sont fournies et les matelas sont bons, après avoir crapahuté des heures en brousse, pas de souci pour dormir comme des bébés !



 

et une salle récente ou scientifiques, voyageurs et villageois se retrouvent autour d'un diner ou d'une bière fraiche

 

 

 Le marigot, juste devant devant notre case nous réveille de bon matin, de son brouhaha de roucoulements, de cris, de sifflets, de sauts de poissons chats et de gargarismes amphibiens .

Les cases sont aux premières loges de ces concerts nocturnes ou matinaux en plein air. Les nuits africaines sont fabuleuses, pleine de vies et ici nous en sommes les auditeurs privilégiés. (montez un peu le son pour profiter..)

 

 

 

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