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La balade en pirogue dans le Sine Saloum (suite)

 Héron cendré

 

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Petit Cormoran

 

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Tantale Ibis


 

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Aigrette Garzette

 

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Petits cormorans au reposoir

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Les grands Cormorans se préparent à la nuit, soit sur les bancs de sable..
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soit en haut des palétuviers

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Pêcheur de crevettes

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Image jointe n°5

   

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Les Spatules jouent à saute Mouton..

 


Il est 17h00; la nuit va bientôt  nous tomber dessus ainsi que les millions de moustiques.

Le Chacal commence sa journée, il nous observe de loin, comme un signal pour nous de lui laisser les lieux

 

Le pêcheur rentre au bercail, sa douce chanson résonne dans le delta

Nous rentrons au campement et laissons le fabuleux Sine Saloum s'endormir, quel endroit magique, empreint d'une sérénité totale.

 

Nous nous endormirons la tête plein d'images fabuleuses, ce deuxième jour en Afrique nous a comblé au delà de nos espérances.
Demain, nous partons marcher en brousse !! 

 3 ème jour, Vendredi 5 Mars

 

Après une bonne nuit à l abri des moustiques qui s’acharnent sur la moustiquaire, un bon ti dej et zou, nous partons avec réserve d’eau de 2l avant la grosse chaleur qui sévit à partir de 11h, faire une balade vers le sud de l’ile, le long du Saloum. Enfin seuls !! Enfin pas tout à fait, car Cannelle et ses deux comparses, les chiens fous du campement, ont décidé de nous accompagner coûte que coûte . On aime bien les chiens, ils doivent le sentir, mais là trop c’est trop !

 



Ils font fuir tous les oiseaux 100 mètres devant nous, courant derrière les crabes des mangroves.
Ce n est qu’au bout d une heure de marche que nous arriverons à les obliger à rentrer au campement. Fuyons avant qu’ils ne nous rattrapent !!

 



Enfin nous sommes vraiment tranquille pour marcher à notre guise dans cette nature, nous arrêtant le temps qu’il faut, comme bon nous semble, à chaque fois que notre curiosité est sollicitée.
Nous faisons un écart afin de ne pas déranger un lutteur du village qui fait sa prière avant d’entamer son entrainement quotidien.

 



Tout le long de la mangrove , Quelques oiseaux planqués entre les racines des palétuviers s’envolent à notre approche. Un Tournepierre à collier 

 



Nous ne nous éternisons pas le long de la mangrove .La chaleur monte et les oiseaux sont moins en moins actifs ; ils cherchent l’ombre des palétuviers, des mimosas à épines ou des arbustes à fleurs ou bien se déplace au sol se cachant derriere les arbustes pour les plus gros

                                           souimanga

 



Choucador à ventre roux

 




Pas grand-chose à observer cependant, nous sommes un peu trop tard dans la matinée.Nous traversons de petits déserts de sel dont le sol craque comme des biscottes sous nos pas



Je n'ai jamais réussi à photographier correctement le Calao à Bec Rouge, toujours à moitié caché !

 



Pas grand-chose à observer cependant, nous sommes un peu trop tard dans la matinée.Nous croisons des zebus, morts dépecés, nettoyés nickel chrome par les vautours et tous les micro fossoyeurs, et d’autres zébus, vivants marchant nonchalamment. Cruel contraste qui rappelle que la vie ici dans cette nature est fragile face aux éléments rudes.

 



Nous décidons de quitter la mangrove et d’entamer le retour, car il commence vraiment à faire chaud et souhaitons parcourir la brousse, nous serons mieux à marcher à l’ombre des arbres de la savane. Nous bifurquons dès que possible sur une piste étroite pour rentrer par la savane, là ou se cachent peut être toutes les autres bébettes. Le paysage est dépaysant à souhait, termitières

 



Quelques chèvres s’enfoncent dans la brousse. Nous suivons leurs traces en zigzaguant entre les taillis

 

 



Nous marchons bien en terre d’Afrique, des bruits de brousse partout, des ailes qui claquent en haut des arbres, des petites choses nerveuses qui détalent à nos pieds dans l’herbe. Les sens sont en alerte!!
Je scrute partout, au pied des broussailles, dans chaque trouée de verdure que le soleil éclaire si une corde d’écailles ne s’y repose pas ; de temps à autres nous nous arrêtons pour écouter essayer d’identifier les sons, jetons un regard circulaire pour tenter de repérer un chacal, des phacochères énervés détalant d’un buisson, voire des hyènes, mais elles sont craintives... Ou bien un varan du Nil ou encore mieux hi ! un cobra cracheur ou une vipère heurtante. Un mamba noir, ou même vert, me comblerait ! Dans les zones à hautes herbes nous ralentissons le pas , regardons précisément ou nous mettons les pieds. De temps en temps, nous levons les yeux et scrutons les arbustes épineux au cas ou une liane vivante ne glisse de branche en branche à notre approche.
Dans cette savane nous avançons, zigzaguant entre les arbres, faisant de larges détours pour éviter les gros nids de frelons au creux des arbres morts.

 


Valérie mets ses pas dans les miens. J’ai l’œil et le geste exercés à l’herping, mais ce ne sont pas nos sandales de marche ouvertes , pratiques pour marcher dans l’eau des bolongs, qui nous protègerons des crochets à venin de 4 cm de long inoculant un venin très toxique de la vipère heurtante et nous sommes sur une île.. Ce n’est pas l’Aspi venin, pur produit marketing à l’efficacité illusoire qui est dans le sac par acquis de concience, qui pourra quelque chose contre l’hyaluronidase, enzyme présente dans le venin des serpents qui décape les vaisseaux sanguins et accélère ainsi la diffusion rapide dans le membre mordu, bien avant que l’on mette en ouvre la petite seringue à vide en plastique et son embout adéquat. Donc prudence, mais aussi discrétion pour ne pas les faire fuir !
Mais rien, à part quelques agames.

 


Répandus partout en Afrique, aussi bien en Savane qu’après des habitations, ces agames, capables de changer de couleur, sont de précieux auxiliaires contre tous les insectes, ils se nourrissent aussi de fleurs et adultes, ils croquent de temps en temps des jeunes serpents !! Ils sont très actifs aux heures les plus chaudes, rapides, mais n’ont pas la possibilité de s’autotomiser, c'est-à-dire de casser leur queue comme les lézards, pour échapper à leur agresseur.

Ce que je n’ai pas bien évalué, c’est qu’en saison sèche et surtout si les températures sont très élevées (plus de 40 degrés , largement au dessus des normales) comme celle que nous avons, la chaleur en journée cantonne, comme chez nous en été, les serpents dans la fraicheur des terriers ou des souches creuses, et qu’ils n’en sortent surtout que pendant les nuits fraiches. Une sorte d’estivation en fait, à l’instar de l’hibernation. De ce fait inutile d’espérer en rencontrer ou en débusquer de jour, et nous n’en verrons donc pas à Marlotj. A la gargotte « Black an White », seul resto du village, le fils de la cuisinière me dira plus tard qu’il sait à peu près ou sont les cobras, mais qu’on ne pourra pas, à par pendant les nuits plus fraiches, les voir avant le mois de Juillet en journée, début de la saison des pluies. Tant pis !! Et je n’ai pas l’équipement (gants et bottes) pour les déranger au fond de leurs cachettes.

 

Nous approchons les heures les plus chaudes, la nature semble figée dans sa torpeur et le vent présent dans les bolong est quasi nul ici. Cela devient pénible de marcher. Au bout de deux heures de marche nous apercevons l’église du village au loin. Avant d’y arriver, au sortir de la brousse, nous atteignons une clairière balisée de plusieurs baobabs impressionnants, l’endroit est beau.

 



Le fruit du baobab, appelé Pain de Singe parce qu'a apprécié
par ces derniers

 



sert à faire des confitures et est utilisé en pharmacopée.
Nous touchons la texture des troncs énormes et les racines tortueuses de ces collosses alors que des dizaines de petits margouillas les escaladent à notre approche.

 

 

 



L’endroit est un brin mystique. Toucher un énorme babob procure une émotion forte, c'est un des gestes symboliques que nous voulions faire.La puissance que dégagent ces arbres disposés en cercle est impressionnante et imposent le respect



Apres les avoir admiré nous nous reposons sur un monticule à l’ombre d’un grand acacia.La chaleur est accablante. Sans un mot, nous nous délectons de l’endroit. Les perroquets et les calaos, qui see chamaillent dans les frondaisons participent à la magie de ce moment de communion avec la brousse africaine.
Nous nous préparons à repartir pour passer au village faire quelques courses lorsque nous entendons un fatras venant de la cime du grand arbre juste en face de nous. Des bruits de griffes sur l’écorce, les feuilles et les branches de la cime qui s’agitent. Un rafut pas possible dans les frondaisons !!. Un gros animal descend,!! Tout en préparant l appareil photo je réflechis aux options de l’animal : singe,varan ? y a plus de léopards depuis longtemps par ici… Je me précipite sous l’acacia et aperçoit le postérieur d un énorme varan qui descend tant bien que mal, accroché par ses fortes griffes au tronc épais. Génial!! il fait entre 1,5 m et 2 m!! « Mon » premier varan sauvage !! et il est énorme !!
Je vais pouvoir essayer de l’approcher . Il nous a sans doute vu car il passe de l’autre coté du tronc. Je fais le tour de l’arbre ne sachant d ailleurs trop comment va se passer notre rencontre lorsqu’il arrivera en bas. S’il fallait l’attraper pour lui tirer le portrait…. !! il faut éviter les morsures mais surtout se méfier de sa longue queue qui distribue de violentes baffes. Alors que j’arrive de l’autre coté de l’arbre, plus un bruit , plus un mouvement, rien !!. Plus de varan. Disparu ! Je m’approche et scrute chaque anfractuosité de l’énorme tronc et fini par voir l’extrémité de sa queue sortant d un creux à la base d’une des plus basses branches.

 



Il s’y est réfugié mais la cachette est trop petite pour le dissimuler en entier.
Sa planque est trop haute malheureusement, pour que je puisse l’atteindre et l’approcher. J’ai beau attraper le bout de sa queue, gratter ses flancs avec une branche, il ne bronche pas et balance mollement la queue pour la soustraire à mes taquineries. Il sait que je ne peux l’atteindre. J’imagine son corps arc-boutés dans la pénombre du tronc, les griffes puissantes plantées dans le bois.


Attendre sa sortie ? Il fait trop chaud pour patienter, et il n’en ressortira que lorsqu’il sera certain que tout danger aura disparu. Peut être est ce même sa planque habituelle, car son garde manger ,les œufs dans les nids, étant juste à l’étage au dessus d’où il est descendu.

 



Bye Bye Varan du Nil !! Frustration de la rencontre en eau de boudin !!! Mais quelles émotions !! Nous en verrons d’autres, sûrement !

Un gros Rollier de la taille d’une pie a assisté à la scène, il jacasse tout ce qu'il peut, se fiche-t-il de notre tronche? . Sa beauté est fascinante.

 



Nous passons au village acheter des oranges et des cacahuètes au petit étalage de la vieille dame, pour l’apéro qui nous remettra de nos émotions et où nous ressasserons notre journée. Les enfants rentrent de l’école.

 

 

 



 


On rentre à la case pour se délecter d’une Gazelle rafraichissante, nous sommes quasi déshydratés ; sur le chemin du retour, des courlis corlieu se baladent sur les étendues d’eau saumâtre.

Les ânes et les zébus sont en liberté en brousse, transports en commun pour les pique-bœufs perchés sur leur dos qui les débarrassent de leurs parasites (tiques, mouches piqueuses).Un échange de bon procédé, une bonne entente, car cet oiseau dont les griffes sont spécialisées pour s’accrocher au pelage, avertit les mammifères sauvages de la savane sur lesquels il se perche de la présence d’un prédateur par ses cris.

 

 

 

 

 




Les ânes se baladent absolument où ils veulent, ils sont partout chez eux, il est arrivé que certains trop curieux entrent dans notre case !! Encore une belle journée de passée ! Même si notre expérience nulle de la brousse ne nous a pas permis d’observation majeure (il aurait fallu peut être partir au lever du jour pour surprendre les animaux nocturnes au petit matin),peu importe le fait de se balader sans guide, livrés à nous-mêmes dans cet environnement superbe et inconnu, donne une chouette de petite dose d’adrénaline. Nous n’avons qu’une envie c’est de refaire ce type de balade.
Au Djoudj peut être !! Après deux jours passés ici, nous avons décidé de ne pas prolonger notre séjour dans le Saloum, mais de reprendre la route bientôt et d’aller vers le Doudj, plutôt que de descendre vers Missirah comme nous le pensions. Envie de voir les pélicans par centaines, les zones semi désertiques , un autre visage du Sénégal, de changer complètement d’environnement naturel et humain, de repartir pour un autre petit voyage. Ce sera le Djoudj, dont on entend tellement parler.

En attendant nous décidons d’aller demain à Wendie, tout petit village de pêcheurs perdu sur un îlot au milieu de la mangrove intérieure de Marlotj ; seule la pirogue permet de l’atteindre, une île dans l’île, en quelque sorte !

4 ème jour, Samedi 6 Mars, toujours à Marlotj, ile du Sine Saloum

Les enfants et les femmes de Wendie, l'île au milieu de l'île

 

Ce matin nous partons à la rencontre des habitants d’une île dans l’île dont d'autres vyageurs du campement nous ont parlé, Wendie ou se trouve un petit village de pêcheurs. Entourée par des bolongs intérieurs de l’île Marlotj mais communiquant par une passe au delta du Saloum, elle n’est accessible qu’en pirogue.
Nous irons d’abord en charrette avec Lamin , pur Sérère, fils de maçon, et maçon lui-même, qui vient faire quelques petits travaux d’entretien au Bazouk. Ce qu’il aime par-dessus tout, c’est la lutte sénégalaise et ici en pays Sérère, c’est le sport le plus populaire.
Faire des matchs le week end permet de se faire un peu d’argent. Comme beaucoup, au village deMarlotj, Lamin enchaine plusieurs petites activités chaque jour pendant la saison sèche. Lorsque l’hivernage arrive, les travaux des champs commencent et pendant plusieurs mois, tout le monde change de métier et devient agriculteur.

Lamin le géant au coeur d'or, n'a pas encore d'enfants mais il les adore , ils le lui rendent bien !

 


Les travaux des champs puis les récoltes battent leur plein et toute l’énergie et la solidarité du village sont de mise pour que chacun puisse recueillir les fruits du travail sur cette terre aride et salée.
Le père de Lamin a une charrette et un cheval qui va pouvoir nous conduire au village de pêcheur de Wendie. Il nous guide jusqu’à son fils qui prépare l’attelage. Avant de nous laisser avec son fils, il me demande si je ne veux pas lui vendre mon chapeau qu’il aime beaucoup !! et commence illico à négocier. Devant mon refus catégorique de m’en séparer, il me propose très sérieusement et tout naturellement d’aller me chercher une belle jeune femme de moins de 20 ans qu’il m’offrira en échange de mon chapeau.
Nous sommes estomaqués, il éclate de rire. Il était pourtant très sérieux. «Tu as raison, à 20 ans ce n’est plus tout jeune » ajoutera-t-il.
« Si l’on est une femme, on peut être marié à 12 ans, si l’on est un homme, on a tout le temps de se marier » nous dit d’un air gêné de petit garçon Lamin, qui à 25 ans, n’a pas encore de femme …
Cela laisse imaginer les différences d’âge dans les couples ……. La condition de la femme est vraiment très difficile. Réduites bien souvent à la fonction reproductrice, elles travaillent dur, élèvent seules les enfants, sont en compétition avec les autres femmes du foyer dans les familles polygames, et font toutes les taches ménagères, vont au marché vendre et acheter. En journée, les hommes sont au champ, en mer pour les pêcheurs, occupent les fonctions décisionnelles, passent beaucoup de temps à palabrer.
Amusant retournement, une femme déjà habituée à la polygamie mais qui parvient à divorcer et accéder à son autonomie, peut ainsi prendre un homme déjà marié, mais qui ne devient pas envahissant de part ses obligations auprès des autres femmes !! Ainsi, si elle est autosuffisante financièrement, elle reçoit son nouvel époux quand elle le souhaite sans en subir la pression.
Cette situation commence à se rencontrer en ville, pour celles qui ont un travail régulier, ce qui est rare au Sénégal. Cependant ce qu’elles gagnent en indépendance, elles le perdent en liens familiaux, car ces femmes « libérées » sont du coup considérées comme des femmes de petite vertu, amorales ;
la rupture avec le village et la famille est sans appel. Si elles restent dans leur village natal, leur vie devient un enfer, épiées, culpabilisées au quotidien, elles doivent choisir entre partir ou rester dans le rang…Vu leurs moyens, celles qui souhaitent divorcer ont le choix entre partir sans le sou vers l’inconnu, sans les enfants car le juge ne leur donnera pas la garde, ou rester mariées à un homme non désiré qui leur donnera tout le temps juste de quoi vivre (car le Coran l’exige faute de quoi la femme peut demander le divorce) .


Lamin fouette le cheval, et nous sortons du village Marotj .

 



Il ne parle pas très bien le français mais comme tous les Sérère (ethnie de la région) il parle , il parle il parle… tout en nous décrivant sa vie, la nature, il adore les enfants
C’est vraiment un garçon très attachant d’une gentillesse extraordinaire, d’une gaieté permanente. Bientôt nous quittons la brousse.

 



Nous traversons de superbes étendues à l’intérieur de l’île Marlotj, lorsque l’on fait une pause
le silence de l’endroit est impressionnant. Loin de tout, nous ressentons une quiétude absolue, pas un bruit, pas un cri d’oiseau, nous nous demandons comment un village sur une île peut se trouver quelque part ici.



 



Pourtant nous nous rapprochons d’une mangrove dans laquelle s’enfonce un bolong, Lamin immobilise son cheval en liant les deux antérieurs ensemble. Il attendra là au milieu de nulle part, notre retour..

 



Soudain Lamin pousse long cri « heyyaaaaaaaaaaaaaaheyyaaaaaaaaaaaaaaaa » qui résonne
Longuement dans les bolongs. Il recommence une deuxième fois et nous entendons un cri identique
qui répond par-dessus les palétuviers. C’est le moyen, le code vocal utilisé pour appeler le passeur du village et sa pirogue. Effectivement la pirogue arrive avec son passeur, une femme.



Nous nous enfonçons dans les bolongs, on a l'impression d'être au bout du monde

 

 

 


 



enfin, nous atteignons un petit bout de terre habité; l’île de Wendie, et son comité d’accueil.

 

 


Accompagnés de Lamin, nous entrons dans le village ou nous ne verrons que des femmes, des enfants et l’instituteur. Tous les hommes sont à la pêche, en mer, au-delà de l’estuaire du Sine Saloum qui est proche. L’instituteur prend les choses en main et nous fait visiter ce tout petit village complètement perdu au milieu du Saloum. Pas de dispensaire, pas d’électricité, l’eau est rationnée et pour couronner le tout, ce petit bout de terre est souvent victime des innondations. Ils vivent en autosuffisance, et de temps en temps vont au marché à Marlotj vendre et acheter.
On se demande comment on peut vivre ici au milieu des moustiques. Et pourtant la vie s’accroche. L’instit fraichement débarqué de ses études fait sa première expérience professionnelle ici. Sacré école de formation !!
En cas de problème de santé ou autre, le premier dispensaire, celui, rudimentaire, de Marlotj, est à une heure et demie de pirogue et de charrette. Il est courant que des bébés naissent ou des vieillards meurent avant d’y arriver.
Il veut nous montrer sa nouvelle école flambant neuve, son outil de travail, multi niveaux évidemment, construite grâce à une ONG italienne en dehors des zones inondables, à l’écart du village.

 


L’école toute neuve.

 



L'instituteur vient de faire un cours sur les reptiles ! Très fier de sa classe il pose devant le tableau noir.

 





Nous consultons et laissons un mot sur le livre de visites de l’école, où des visiteurs de tout pays
ont laissé une trace de leur passage. Nous y trouvons pas mal de compatriotes de notre ville.
Dakar fut une ville militaire et beaucoup de liaisons avec Brest ont été établies.

 

La classe unique ou l'instituteur jongle avec les niveaux.

 



Pour les enfants qui sont admis en 3 ème ce sera sur l'ïle de Marlotj ou Kaolac sur le continent. Au delà il y a Thies ou Dakar; l'hébergement des élèves délocalisés est assuré par la solidarité familiale et il est très naturel pour un oncle, un cousin même très lointains d'accepter d'héberger un enfant.

 

 

 



Les femmes de Wendie, comme toutes les femmes, même avec très peu de moyens et au fin fond du delta, sont très attachées à se vêtir proprement et le mieux possible.L'apparence est très importante; même et surtout un blanc sera plus ou moins considéré s'il est habillé proprement ou pas.

Ces femmes sont impressionantes; comme partout en Afrique (ou ailleurs aussi), elles s'occupent de tout; lorsque les hommes sont en mer elles restent seules avec les enfants et doivent tout assurer, sur un ilot perdu au milieu de nulle part dans des conditions moyenageuses.

Quelques portraits de celles qui nous ont donné une petite leçon de vie par leur dignité et leur gentillesse.

 

 

 

 

 

 

 


 


Il est temps de quitter Wendie le soleil va disparaître. Après avoir partagé quelques heures de leur vie, nous allons laisser derrière nous ce village hors du temps, des gens tellement chaleureux , simples, courageux, joyeux, et regagner le village de Marlotj qui nous apparait en comparaison comme un endroit fort civilisé. Ce n’est pas en si peu de temps que nous pouvons comprendre comment fonctionne une communauté telle que les villageois de Wendie, mais on à tout de suite l’impression en arrivant sur place que le temps ici semble s’être arrêté. Les enfants, les femmes et les hommes qui donnent vie à ce petit bout de terre n’ont d’autre choix que de se satisfaire de l’essentiel, de vivre avec leur environnement, les humeurs fortes de la nature. Nous avons vu tellement de rires et de sourires, que nous pensons qu’ils sont heureux. Du coup, nos petits tracas occidentaux quotidiens semblent bien futiles, ou carrément faire fausse route quand à leur utilité sur l’essence de l’existence.
Puissions nous garder de cet endroit une petite leçon à ressortir plus tard en cas de besoin.

si un jour nous repassons au Sénégal, nous reviendrons voir ce petit garçon que nous avons laissé tout occupé à regarder couler le fleuve.

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Bye bye Wendie , avec un pincement au cœur !
La mer est descendue entre temps, la piroguière ne pourra faire flotter bien loin sa pirogue, nous finirons le trajet à pieds, enfoncés jusqu’au mollet dans le sable vaseux, doux et tiède des bolongs.

 






Notre séjour dans le Saloum va s'achever, demain est notre dernier jour. Nous avons finalement décidé d'aller vers la frontière mauritanienne, près du fleuve Sénégal après avoir hésité avec la Gambie. Il faut faire des choix, mais nous préférons changer du tout au tout et la Gambie ressemble un peu à ici. Nous irons une autre fois. Avant de quitter définitivement Marlotj pour la remontée vers la frontière Mauritanienne, le Djoudj, nous irons faire un tour à la messe au TamTam de Marlotj.



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Elle a lieu tous les dimanches à 10h dans l’église chétienne. Tout le monde peut y assister
Chrétiens ou non et elle attire des navettes de touristes qui viennent à Marlotj pour la journée. Ce jour là pas trop de touristes …
Pourtant ce n’est pas le seul endroit ou ce type de messe se pratique.
L’église se remplit petit à petit des femmes, des enfants et des hommes , tous dans des superbes boubous … Les femmes avec leurs bébés qu’elles allaiteront très naturellement ..
Un chœur d’enfants et un autre d’adultes entament de très beaux chants accompagnés par quelques tamtam…..
Le curé du village lance des sermons culpabilisateurs à la limite de l’imprécation, à la mesure de la ferveur des croyants. Les slogans semble sortis tout droits de la colonisation religieuse.
Plusieurs quêtes auront lieu lors de la messe, que ce soit pour le premier dimanche du mois ou pour réparer le toit de l’église ou autres prétextes .. Curieuses méthodes alors que les villageois sont déjà pauvres que de prendre en otage leur foi et vider un peu plus leur porte monnaie.
C’est l’occasion pour les Marloti de se parer des plus beaux vêtements et c’est vrai que la sortie de la messe est un patchwork de vie et de couleurs.

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A la fin de la messe chacun embrasse ses voisins de banc, se souhaitant le meilleur. Des choses que l'on trouve parfois encore chez nous dans les campagnes.  La sortie de la messe s'effectue dans un brouhaha incroyable, des rires des élats de voix..et les vendeuses de l'artisanat sont là aussi, qui nous reconnaissent..



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Puis tout le monde se retrouve sous l'arbre sacré avant de se séparer.

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Voilà Marlotj, le Sine Saloum c'est fini!Nous irons saluer les gens avec qui nous avons tissé des liens, faire le salut serere.
On sert d'abord la main gauche de son ami pour que le bonheur soit avec lui , puis la droite pour être certain que cela ira bien la prochaine fois que l'on se reverra.
Nous allons quitter le saloum le coeur un peu serré ;le vaste Sine Saloum, le peu que nous en avons vu en 5 jours est un pays merveilleux de par sa variété de paysage, sa tranquilité et sa nature si forte si variée et si présente qui instille a chaque minute de chaque jour la force de l Afrique.
Nous pouvons le dire déjà, ce sont les plus beaux, les plus verts paysages du plat pays qu'est le Sénégal que nous avons vu ici.
Avec les Serere du Saloum ensuite qui sont charmants, espiègles qui aiment le contact et le rire en toute circonstances, et qui sont fiers d'être marlotis.
Et puis des gens que nous avons quittes dans l espoir d un jour se revoir. Lamin et yvonne, femmes de Marlotj, Justin du Bazouk, Mamadou de Ndangane, Lamin de Marloti, Wate l'insituteur de Wandie et Jean Marc et Maryse de Montpellier.