Notre séjour à Njagabaar dans le Djoudj se termine. Il nous reste une journée pendant laquelle nous avons envie d’être en roue libre, et nous balader à pieds ou bon nous semble à l’intérieur du parc, sans guide si possible…. Nous n’avons pas encore vu les flamants roses et cela pourrait être l’objectif de notre balade. Ou bien les singes. Peu importe du moment que nous soyons à notre rythme, nous arrêter quand bon nous semble et sentir une dernière fois la terre du Djoudj sous nos pieds.
Seulement, aller jusqu’au Parc depuis le campement ça fait quand même une petite trotte et nous n’avons pas envie de prendre une charrette au village car le villageois nous attendra pour le retour et nous ne savons combien de temps nous prendra note balade. Ensuite, nous ne savons pas s’il est possible de se balader seuls sans guide ni rien à l’intérieur du Parc… On verra bien.
Encore une fois le hasard à l’africaine va nous goupiller tout cela nickel. Après le petit déjeuner Germana nous présente Ibrahim, le chef des éco-gardes qui va avec elle, ainsi que Yali (l’adorable garde danseur ), aujourd’hui dans un village au Nord du Parc. Elle doit y étudier les rituels sacrés donnés sous un vieux baobab. Il y a deux places de libre dans la voiture, nous partons tout de suite ! Génial !
Dans la voiture, je discute avec Ibrahim de la gestion du Parc, de protection de la nature ici en Europe. Il n’est pas très chaud de nous laisser marcher seul dans le parc sans guide. Je lui parle de l’association Bretagne Vivante il ne me laisse pas continuer et s’exclame :
« Bretagne Vivante ? je connais bien !! leurs ornitho sont venus pour le phragmite aquatique, que vous essayez de maintenir en Bretagne » C'est exact !
Du coup , les portes s’ouvrent. Il sait qu’on ne va pas faire n’importe quoi dans le parc et il nous indique sommairement le trajet à faire à pieds dans le parc pour voir des choses intéressantes. Il nous arrête à un endroit ou nous pourrons marcher tranquillement le long d’un Lac au bout duquel nous devrions pouvoir voir flamants et peut être même les singes dans une petite forêt.
Avec un peu de chance, il nous reprendra même à son retour ce soir sur la piste si nous y sommes !! Inch Allah !
La voiture s’éloigne dans la poussière de la longue et droite piste-digue. Il est 11h.Nous voilà seuls sous le cagnard. Sans touristes, sans guide, sans carte. Juste deux litres d’eau et deux barres de céréales. Et le guide ornitho des oiseaux d’Afrique qu’Ibrahim nous a prêté juste avant de nous laisser. Nous quittons aussitôt les abords de la piste et commençons à longer le Lac de Khar comme nous a conseillé Ïbrahim .Pour se retrouver c’est plus facile et la petite forêt galerie qui l’entoure nous procurera de l’ombre pour les pauses.
Qu’allons nous voir, la route de quels animaux allons nous croiser ?!! Le fait d’être seuls sans guide qui connait le terrain ajoute à l’excitation de la découverte même si nous serons surement moins efficaces, mais nous faisons confiance au hasard.
A peine avons-nous commencé à longer le lac qu’un phacochère démarre au quart de tour dans les buissons à quelques mètres de nous et se lance dans une course folle droit devant lui.
Cela promet ! la chaleur promet aussi, car après une heure de marche nous avons déjà bu beaucoup, il va falloir gérer. Dans les arbres ou au sol, des oiseaux cherchent l’ombre de ce petit cordon de verdure qui nous sépare du lac de seulement une trentaine de mètres. Cela nous permet tout en progressant de jeter un œil au plan d’eau pour voir ce qui s’y passe.
Un balbuzard nous survole.
Un Jacana sur le point de pêcher
L’oiseau ci dessous que nous avons vu à plusieurs reprises est très farouche.Elle ressemble à notre poule d'eau.Connaissez vous son nom?
Un guêpier nain dans l’ombre se laisse approcher
Deux autres chassent les libellules au dessus des roseaux avec un certain succès
Au sol une cochevis huppé
tient compagnie à une amarante
Il commence vraiment à faire très chaud, nous décidons de quitter les bords du Khar et son ombre bienfaitrice car le postérieur noir et blanc d’une antilope disparait au loin vers les arbres. Peut être y verrons nous les singes ? Et puis après il fera encore plus chaud.
Nous progressons un peu au ralenti dans cet environnement archi sec au sol brulant. Même pas la peine d’essayer de débusquer une vipère heurtante un cobra , ils doivent être tapis dans la fraicheur relative d’un terrier ou à l’abri de racines. Nous n’observons plus rien dans ces buissons prêt à s’enflammer à la moindre étincelle. Les arbres qui nous paraissaient proches sont toujours aussi loin. Seuls quelques vols de tisserins donnent de la vie aux arbrisseaux desséchés. L’harmattan commence à se renforcer nous forçant à ranger l’appareil photo et à tourner le dos le temps que le tourbillon de poussière et de sable qui fantomatise le paysage s’éloigne de notre route. Nous marchons ainsi péniblement pendant une heure. Toujours pas de forêt d’acacia, ni de singes.
Nous ne savons plus trop ou nous sommes. Avons-nous tourné trop tôt pour la forêt des singes ou bien l’avons-nous dépassée ? Pas possible de le savoir, la visibilité est mauvaise et tout se ressemble. Nos pieds sont brulants dans nos chaussures de randonnées. Nous décidons vu le peu d’eau qu’il nous reste qu’il est plus prudent de faire demi tour et de continuer la balade au bord du Lac de Khar.
Nous retrouvons après une marche pénible les bords rafraichissants du Lac. Nous nous installons à l’ombre sous la mangrove pour faire une longue pause et nous rassasier de nos barres de céréales. La vie animale qui s’est évanouie à notre arrivée, reprend peu à peu confiance en elle et en nous. Nous décidons de rester là faire un long affut et d’attendre qu’un varan, un chacal, des flamants, un croco ou autre bestiole ne nous passent sous le nez. L’eau c’est la vie, encore plus sous ces latitudes que chez nous. La concentration de vie des marigots et des eaux douces est impressionante .
Ce sont d’abord les margouillads qui s’agitent et grimpent dans les branches basses au dessus de nos têtes.
Un petit lézard de 5 cm file entre mes pieds. J’en cherche toujours l’espèce !
Soudain un train de flamants roses nous passe devant au ralenti, remontant tranquillement le lac-fleuve. Quelle belle rencontre !! Ils sont majestueux et impriment par leur marche cadencée une sorte de rythme tranquille et souverain.
Malheureusement ils sont trop loin pour en prendre en gros plan mais aux jumelles on se régale pendant de longues minutes. Soudain ils nous aperçoivent et c’est l’envol. Quel spectacle que ces oiseaux extraordiaires !!
Sitôt partis, les autres oiseaux reprennent leur activité et leurs places.
aigrette des récifs
tisserin
Nous n’avons plus d’eau. Nous sommes en milieu d’après midi, il fait encore très très chaud ; il nous faut encore marcher au moins deux heures sous 45 degrés pour rejoindre la piste qui mène au débarcadère des pélicans. De là nous ferons du stop pour rejoindre le campement de Njagabaar ou l’hotel du Djoudj pour une pause rafraichissement.
Nous nous tartinons d’écran total et d’Insect’écran et zou on y va. Dès que l’on ressort de la forêt galerie, le soleil nous happe et nous grille la peau. Nous devrons faire plusieurs pauses. En silence nous marchons l’un derrière l’autre, la bouche sèche, la gorge soudée par la soif nous économisons nos paroles pour ne pas ingérer de poussières . Au loin, au hasard des tourbillons de sable on commence à apercevoir les roseaux qui longent la route, mais c’est si loin !!!!
Soudain une odeur de brulé réveillé nos sens résignés. Cela brûle quelque part. Nous sommes un peu inquiets même si nous ne devons pas traverser de savanes herbeuses. Peu à peu de la fumée envahit le ciel et finalement de l’autre coté du lac, nous apercevons les flammes et les tourbillons de fumée noires .
C’est en direction de l’entrée du Parc du Djoudj, près de l’hôtel, que cela brûle , le long de la route. Nous apprendrons plus tard qu’il s’agit d’une erreur humaine juste à coté des cases pour les étudiants et les chercheurs. Au retour nous verrons qu’une belle surface a brulé. Heureusement qu’un cours d’eau a stoppé la course des flammes.
Nous arrivons enfin sur la piste, éreintés et assoiffés. Nous préférons attendre une heure sous l’ombre pâle d’un arbuste qu’une voiture passe pour l’arrêter plutôt que de refaire une heure et demie de marche jusqu’au campement. Cela nous a permis de constater que cette piste de 7 km, passage obligé qui relie l’entrée du parc à l’embarcadère, est assez peu fréquentée. Nous serions curieux de connaître la fréquentation du Parc.
Ce n’est qu’au bout d’une heure d’attente qu’une première voiture avec à son bord une touriste allemande revenant du tour en pirogue, et son guide, s’arrête à nos gestes et nous dépose à l’entrée du parc. Le stop en Afrique c’est du 100%, à condition qu’il y ait une voiture.. !! Avant de reprendre la marche pour rejoindre le campement, nous avons pris un verre désaltérant à la terrasse de l’Hotel du Djoudj. Ce qui nous a conforté dans notre choix du campement Njagabaar tant l’hôtel du Djoudj respire le tourisme de masse vociférant et colonialiste que nous détestons; le personnel sénégalais ayant adopté la même attitude condescendante que leurs blancs clients envers les deux routards empoussiérés que nous sommes. Nous avons déguerpi de cet endroit sitôt le verre englouti pour retrouver la chaleur humaine des gens de Njagabaar.
Voilâ, c’est terminé pour le Djoudj et Njagabaar. Il y aurait encore eu tant à dire des belles rencontres que nous y avons faites au hasard de nos balades dans le village ou en brousse autour du campement, de sénégalais qui nous ont touché, mais aussi de rencontres avec des blancs. Germana qui fait un travail formidable et qui nous a fait découvrir le monde de la pharmacopée par les plantes, des guérisseurs, des cérémonies d’une semaine pour les femmes dépressives mêlant drogues, percussions et chants nécessaires aux mises en transe libératrices des tensions nerveuses. Elle nous a fait découvrir aussi combien ce peuple use et abuse parfois du fétichisme, comment les sorts sont encore légion surtout près de la frontière malienne, à bon escient comme ils l’étaient à l’origine, ou à mauvais escient comme ils le sont de plus en plus. Coté inconnu et obscur de ces quotidiens animistes, qui font nous mesurer encore plus le fossé qu’il existe entre nous occidentaux, et eux africains.
Nous ne pourrions jamais vivre comme nos hôtes, même si l’envie de vivre là peut effleurer le visiteur, cela nous demanderai de passer outre trop de valeurs, le climat y étant aussi très dur ;
De même nous ne pourrons jamais les comprendre totalement, mais tout cela ne nous empêchant nullement de les aimer profondément.
A ce titre nous remercions profondément, Cheikh, Germana, Yali, Ibrahim, et tous les habitants de Diadjam3, les deux enfants du village qui nous ont chanté des airs chaque matin au réveil, pour tout le bonheur qu’ils nous ont donné pendant quelques jours. Cet endroit sera notre meilleur souvenir du Sénégal.
Il nous reste 4 jours à remplir avant de quitter le Sénégal. Nous avons choisi de nous poser dans la langue de Barbarie dans un campement confortable et tranquille. Auparavant nous passerons une nuit à St Louis.
11 ème jour de voyage, dernier à Njagabaar.
Notre séjour à Njagabaar dans le Djoudj se termine. Il nous reste une journée pendant laquelle nous avons envie d’être en roue libre, et nous balader à pieds ou bon nous semble à l’intérieur du parc, sans guide si possible…. Nous n’avons pas encore vu les flamants roses et cela pourrait être l’objectif de notre balade. Ou bien les singes. Peu importe du moment que nous soyons à notre rythme, nous arrêter quand bon nous semble et sentir une dernière fois la terre du Djoudj sous nos pieds.
Seulement, aller jusqu’au Parc depuis le campement ça fait quand même une petite trotte et nous n’avons pas envie de prendre une charrette au village car le villageois nous attendra pour le retour et nous ne savons combien de temps nous prendra note balade. Ensuite, nous ne savons pas s’il est possible de se balader seuls sans guide ni rien à l’intérieur du Parc… On verra bien.
Encore une fois le hasard à l’africaine va nous goupiller tout cela nickel. Après le petit déjeuner Germana nous présente Ibrahim, le chef des éco-gardes qui va avec elle, ainsi que Yali (l’adorable garde danseur ), aujourd’hui dans un village au Nord du Parc. Elle doit y étudier les rituels sacrés donnés sous un vieux baobab. Il y a deux places de libre dans la voiture, nous partons tout de suite ! Génial !
Dans la voiture, je discute avec Ibrahim de la gestion du Parc, de protection de la nature ici en Europe. Il n’est pas très chaud de nous laisser marcher seul dans le parc sans guide. Je lui parle de l’association Bretagne Vivante il ne me laisse pas continuer et s’exclame :
« Bretagne Vivante ? je connais bien !! leurs ornitho sont venus pour le phragmite aquatique, que vous essayez de maintenir en Bretagne » C'est exact !
Du coup , les portes s’ouvrent. Il sait qu’on ne va pas faire n’importe quoi dans le parc et il nous indique sommairement le trajet à faire à pieds dans le parc pour voir des choses intéressantes. Il nous arrête à un endroit ou nous pourrons marcher tranquillement le long d’un Lac au bout duquel nous devrions pouvoir voir flamants et peut être même les singes dans une petite forêt.
Avec un peu de chance, il nous reprendra même à son retour ce soir sur la piste si nous y sommes !! Inch Allah !
La voiture s’éloigne dans la poussière de la longue et droite piste-digue. Il est 11h.Nous voilà seuls sous le cagnard. Sans touristes, sans guide, sans carte. Juste deux litres d’eau et deux barres de céréales. Et le guide ornitho des oiseaux d’Afrique qu’Ibrahim nous a prêté juste avant de nous laisser. Nous quittons aussitôt les abords de la piste et commençons à longer le Lac de Khar comme nous a conseillé Ïbrahim .Pour se retrouver c’est plus facile et la petite forêt galerie qui l’entoure nous procurera de l’ombre pour les pauses.
Qu’allons nous voir, la route de quels animaux allons nous croiser ?!! Le fait d’être seuls sans guide qui connait le terrain ajoute à l’excitation de la découverte même si nous serons surement moins efficaces, mais nous faisons confiance au hasard.
A peine avons-nous commencé à longer le lac qu’un phacochère démarre au quart de tour dans les buissons à quelques mètres de nous et se lance dans une course folle droit devant lui.
Cela promet ! la chaleur promet aussi, car après une heure de marche nous avons déjà bu beaucoup, il va falloir gérer. Dans les arbres ou au sol, des oiseaux cherchent l’ombre de ce petit cordon de verdure qui nous sépare du lac de seulement une trentaine de mètres. Cela nous permet tout en progressant de jeter un œil au plan d’eau pour voir ce qui s’y passe.
Un balbuzard nous survole.
Un Jacana sur le point de pêcher
L’oiseau ci dessous que nous avons vu à plusieurs reprises est très farouche.Elle ressemble à notre poule d'eau.Connaissez vous son nom?
Un guêpier nain dans l’ombre se laisse approcher
Deux autres chassent les libellules au dessus des roseaux avec un certain succès
Au sol une cochevis huppé
tient compagnie à une amarante
Il commence vraiment à faire très chaud, nous décidons de quitter les bords du Khar et son ombre bienfaitrice car le postérieur noir et blanc d’une antilope disparait au loin vers les arbres. Peut être y verrons nous les singes ? Et puis après il fera encore plus chaud.
Nous progressons un peu au ralenti dans cet environnement archi sec au sol brulant. Même pas la peine d’essayer de débusquer une vipère heurtante un cobra , ils doivent être tapis dans la fraicheur relative d’un terrier ou à l’abri de racines. Nous n’observons plus rien dans ces buissons prêt à s’enflammer à la moindre étincelle. Les arbres qui nous paraissaient proches sont toujours aussi loin. Seuls quelques vols de tisserins donnent de la vie aux arbrisseaux desséchés. L’harmattan commence à se renforcer nous forçant à ranger l’appareil photo et à tourner le dos le temps que le tourbillon de poussière et de sable qui fantomatise le paysage s’éloigne de notre route. Nous marchons ainsi péniblement pendant une heure. Toujours pas de forêt d’acacia, ni de singes.
Nous ne savons plus trop ou nous sommes. Avons-nous tourné trop tôt pour la forêt des singes ou bien l’avons-nous dépassée ? Pas possible de le savoir, la visibilité est mauvaise et tout se ressemble. Nos pieds sont brulants dans nos chaussures de randonnées. Nous décidons vu le peu d’eau qu’il nous reste qu’il est plus prudent de faire demi tour et de continuer la balade au bord du Lac de Khar.
Nous retrouvons après une marche pénible les bords rafraichissants du Lac. Nous nous installons à l’ombre sous la mangrove pour faire une longue pause et nous rassasier de nos barres de céréales. La vie animale qui s’est évanouie à notre arrivée, reprend peu à peu confiance en elle et en nous. Nous décidons de rester là faire un long affut et d’attendre qu’un varan, un chacal, des flamants, un croco ou autre bestiole ne nous passent sous le nez. L’eau c’est la vie, encore plus sous ces latitudes que chez nous. La concentration de vie des marigots et des eaux douces est impressionante .
Ce sont d’abord les margouillads qui s’agitent et grimpent dans les branches basses au dessus de nos têtes.
Un petit lézard de 5 cm file entre mes pieds. J’en cherche toujours l’espèce !
Soudain un train de flamants roses nous passe devant au ralenti, remontant tranquillement le lac-fleuve. Quelle belle rencontre !! Ils sont majestueux et impriment par leur marche cadencée une sorte de rythme tranquille et souverain.
Malheureusement ils sont trop loin pour en prendre en gros plan mais aux jumelles on se régale pendant de longues minutes. Soudain ils nous aperçoivent et c’est l’envol. Quel spectacle que ces oiseaux extraordiaires !!
Sitôt partis, les autres oiseaux reprennent leur activité et leurs places.
aigrette des récifs
tisserin
Nous n’avons plus d’eau. Nous sommes en milieu d’après midi, il fait encore très très chaud ; il nous faut encore marcher au moins deux heures sous 45 degrés pour rejoindre la piste qui mène au débarcadère des pélicans. De là nous ferons du stop pour rejoindre le campement de Njagabaar ou l’hotel du Djoudj pour une pause rafraichissement.
Nous nous tartinons d’écran total et d’Insect’écran et zou on y va. Dès que l’on ressort de la forêt galerie, le soleil nous happe et nous grille la peau. Nous devrons faire plusieurs pauses. En silence nous marchons l’un derrière l’autre, la bouche sèche, la gorge soudée par la soif nous économisons nos paroles pour ne pas ingérer de poussières . Au loin, au hasard des tourbillons de sable on commence à apercevoir les roseaux qui longent la route, mais c’est si loin !!!!
Soudain une odeur de brulé réveillé nos sens résignés. Cela brûle quelque part. Nous sommes un peu inquiets même si nous ne devons pas traverser de savanes herbeuses. Peu à peu de la fumée envahit le ciel et finalement de l’autre coté du lac, nous apercevons les flammes et les tourbillons de fumée noires .
C’est en direction de l’entrée du Parc du Djoudj, près de l’hôtel, que cela brûle , le long de la route. Nous apprendrons plus tard qu’il s’agit d’une erreur humaine juste à coté des cases pour les étudiants et les chercheurs. Au retour nous verrons qu’une belle surface a brulé. Heureusement qu’un cours d’eau a stoppé la course des flammes.
Nous arrivons enfin sur la piste, éreintés et assoiffés. Nous préférons attendre une heure sous l’ombre pâle d’un arbuste qu’une voiture passe pour l’arrêter plutôt que de refaire une heure et demie de marche jusqu’au campement. Cela nous a permis de constater que cette piste de 7 km, passage obligé qui relie l’entrée du parc à l’embarcadère, est assez peu fréquentée. Nous serions curieux de connaître la fréquentation du Parc.
Ce n’est qu’au bout d’une heure d’attente qu’une première voiture avec à son bord une touriste allemande revenant du tour en pirogue, et son guide, s’arrête à nos gestes et nous dépose à l’entrée du parc. Le stop en Afrique c’est du 100%, à condition qu’il y ait une voiture.. !! Avant de reprendre la marche pour rejoindre le campement, nous avons pris un verre désaltérant à la terrasse de l’Hotel du Djoudj. Ce qui nous a conforté dans notre choix du campement Njagabaar tant l’hôtel du Djoudj respire le tourisme de masse vociférant et colonialiste que nous détestons; le personnel sénégalais ayant adopté la même attitude condescendante que leurs blancs clients envers les deux routards empoussiérés que nous sommes. Nous avons déguerpi de cet endroit sitôt le verre englouti pour retrouver la chaleur humaine des gens de Njagabaar.
Voilâ, c’est terminé pour le Djoudj et Njagabaar. Il y aurait encore eu tant à dire des belles rencontres que nous y avons faites au hasard de nos balades dans le village ou en brousse autour du campement, de sénégalais qui nous ont touché, mais aussi de rencontres avec des blancs. Germana qui fait un travail formidable et qui nous a fait découvrir le monde de la pharmacopée par les plantes, des guérisseurs, des cérémonies d’une semaine pour les femmes dépressives mêlant drogues, percussions et chants nécessaires aux mises en transe libératrices des tensions nerveuses. Elle nous a fait découvrir aussi combien ce peuple use et abuse parfois du fétichisme, comment les sorts sont encore légion surtout près de la frontière malienne, à bon escient comme ils l’étaient à l’origine, ou à mauvais escient comme ils le sont de plus en plus. Coté inconnu et obscur de ces quotidiens animistes, qui font nous mesurer encore plus le fossé qu’il existe entre nous occidentaux, et eux africains.
Nous ne pourrions jamais vivre comme nos hôtes, même si l’envie de vivre là peut effleurer le visiteur, cela nous demanderai de passer outre trop de valeurs, le climat y étant aussi très dur ;
De même nous ne pourrons jamais les comprendre totalement, mais tout cela ne nous empêchant nullement de les aimer profondément.
A ce titre nous remercions profondément, Cheikh, Germana, Yali, Ibrahim, et tous les habitants de Diadjam3, les deux enfants du village qui nous ont chanté des airs chaque matin au réveil, pour tout le bonheur qu’ils nous ont donné pendant quelques jours. Cet endroit sera notre meilleur souvenir du Sénégal.
Il nous reste 4 jours à remplir avant de quitter le Sénégal. Nous avons choisi de nous poser dans la langue de Barbarie dans un campement confortable et tranquille. Auparavant nous passerons une nuit à St Louis.