VIPERE BERUS/COULEUVRE A COLLIER
Vipère ou Couleuvre ?
C'est la question qui revient le plus souvent lorsqu'une personne non avertie fait une rencontre inattendue lors d'une promenade et me pose la question. Souvent la rencontre est furtive, le serpent prenant la fuite dans les hautes herbes. Dans ce cas , il n'est pas facile, l'émotion aidant et déformant ses souvenirs de lui apporter la réponse. Lorsque l'observation est plus prolongée, par exemple, en terrain découvert, la différenciation est plus aisée, la description étant plus précise.
A cet effet je propose ci dessous une comparaison par l'image des deux espèces bretonnes les plus répandues, à savoir la Vipère Bérus et la Couleuvre à Collier. Deux stades de comparaison sont à mon avis importants.
La comparaison globale des deux serpents; c 'est à dire, et c'est le cas dans la majorité des observations, les grosses différences existants entre les deux espèces lorsqu'on les voit à quelques mètres. Ensuite seulement sera exposée la comparaison détaillée qui ne se voit que lorsqu'on peut s'approcher très près de l'animal. Il est bon de rappeler que, comme dans tout comparatif, les différences sautent aux yeux lorsque les deux sujets sont juxtaposés, mais moins évidentes lorsque l'on ne rencontre qu'une seule espèce, ce qui est le plus souvent le cas dans la nature; à cet effet, ceux qui souhaitent vraiment lever le doute lors des prochaines rencontres,ne devraient pas seulement se contenter de constater les différences évidentes sur les photos ci dessous, mais également bien mémoriser les caractéristiques propres à chacune des deux espèces.
Les photos ci dessous permettent ces deux comparaisons.
Vipère Bérus à gauche/Couleuvre à collier à droite
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LES DIFFERENCES DE COMPORTEMENT
Etant donne que la vipère Bérus et la couleuvre à collier sont, et de loin,
les deux espèces les plus présentes en Bretagne ;il paraît intéressant d observer parallelement,
ces deux espèces de serpents qui sont bien sur représentatives de deux types de familles radicalement
différentes dans de nombreux domaines.
Biotopes :
Dans ce domaine, les deux espèces ne font pas preuve d originalité. En effet, on les trouve dans de nombreux endroits différents à partir du moment où le couvert est suffisant. Zones humides, broussailleuses, landes cotières où bordures de bois, les adultes de ces deux serpents sont éclectiques en matière d’habitat.
Lorsqu ils sont juvéniles cependant, les jeunes couleuvres à collier restent assez près de l eau.
En fait, là ou elles trouveront des proies(jeunes amphibiens) leur convenant et un couvert suffisant. Les vipéreaux sont moins inféodés aux zones humides, même s ils sont nombreux dans ces endroits particulièrement favorables ou vivent les jeunes lézards vivipares, une leur proies favorite.On peut également trouver ces deux serpents ,mais en densité moindre, le long des talus bordant les champs cultivés. Lors de la sortie d'hibernation (date la plus précoce observée en région brestoise :20 février), on peut trouver en assez grand nombre vipères et couleuvres s'exposant aux rayons du soleil, la journée durant. Ensuite , seuls quelques individus restent sur place, les autres partant en recherche d'un autre biotope. Le mode de reproduction (vivipare) de la vipère Bérus lui a permis d'investir les régions les plus septentrionales d'Europe; en effet , en les gardant dans son corps jusqu'a la parturition, elle fait bénéficier aux embryons sa propre activité thermo-régulatrice. La couleuvre , quant à elle, est ovipare, les oeufs étant déposés si possible dans un endroit générant une augmentation locale de la température (par exemple un tas de fumier, ou compost en décomposition).
Comportement :
La physiologie des deux serpents reflète bien leurs comportements très différents.
La vipère a un comportement beaucoup plus lent et basé sur une certaine passivité avant de
se décider a fuir, comptant peut être sur son mimétisme. Il est vrai que sa robe lui permet de
se confondre assez facilement par exemple sur un lit de fougères sèches. Sa distance de fuite est
de l ordre de trois mètres , parfois beaucoup moins à l approche d un promeneur. En fait tout dépend
du type d approche que la menace potentielle adopte : il est évident que des vibrations telluriques
engendrées par quelqu‘un tapant des pieds mettra en alerte la vipère , facilitant donc sa fuite
dès que le danger se précisera. Mais elle peut aussi très bien ne pas réagir a l approche de
quelqu’ un qui se déplace lentement et silencieusement ou ne fuir que lentement. C est notamment
le cas en sortie d’hibernation où les vipères aiment passer de longues heures au soleil et ne fuient
en général qu‘à regret. Il est à noter au passage, que ces deux espèces peuvent parfaitement se rencontrer par temps couvert, à partir du moment ou la température de l'air est suffisante (au dessus de 15° environ).En effet même dans ces conditions, ces serpents sont capables de trouver un endroit à l'abri du vent, légèrement en pente et s'exposer idéallement, côtes aplaties pour présenter un maximum de surface corporelle aux rayonnements du soleil qui filtrent à travers une couche de nuages. La vipère semble encore plus performante que la couleuvre à ce petit jeu. Il ne faut pas oublier que les reptiles des zones tempérées (à l'instar des espèces des zones désertiques) doivent développer un comportement thermo-régulateur plus efficace que les espèces des zones tropicales humides, moins assujetties aux variations de températures; Mais même au niveau d'un pays comme la France, une même espèce aura une activité différente selon qu'elle habite le nord ou le sud du pays. L' activité diurne devant nocturne est par exemple un des moyens d'échapper aux températures trop élevees.
La couleuvre à collier, elle, possède un corps plus affiné et une queue plus longue mieux adaptée à la reptation rapide que le corps ramassé de la vipère. Cette différence résume parfaitement les
deux types de comportement. La couleuvre est serpent assez farouche, prompt a la fuite et qui
sait se détendre rapidement depuis une position de repos. Sa fuite soudaine et assez bruyante peu
surprendre car bien qu’elle possède une distance de fuite plus importante que la vipère , il lui arrive aussi de ne démarrer qu’une fois le danger devenu proche (lorsqu'elle est réveillée brusquement).
Dans leur façon de chasser également on retrouve ces différences ; la vipère chasse à l affut en mordant
ses victimes(micro-rongeurs, amphibiens,lézards) et en laissant le venin agir avant de se lancer à leur recherche ; alors que la couleuvre à collier , ne possédant pas de venin, ne peut compter que sur sa vélocité pour capturer
grenouilles ou poissons de la mare dans laquelle elle se sera introduite sans beaucoup de discrétion. Par contre la goultonnerie de la couleuvre à collier est légendaire; elle est capable si les opportunités se présentes, d'avaler plusieurs grenouilles d'affilé, sa locomotion s'en trouvant ensuite plus que problématique.
En captivitéi, la couleuvre est pénalisée par son comportement farouche et plus actif que celui
de la vipère. Elle cherche sans cesse une issue dans le terrarium et met plus de temps que la vipère
à trouver ses marques. Celle ci va mettre moins de temps à repérer les endroits d exposition à la
chaleur ainsi que les abris, elle sera aussi plus rapide à accepter la présence d observateurs à l extérieur de sa cage tandis que la couleuvre déguerpira dans son abri des qu’une personne rentrera
dans la pièce dans les premieres semaines de sa captivité.
Acculée, la vipère Bérus, sans possibilité de fuir ,va essayer de mordre a répétition l agresseur tout
en essayant malgré tout de fuir entre chauqe attaque . En général, la quantité de venin injectée lors de ces morsures est proportionelle
au degré d’agression que subit la vipère, si toutefois elle réussi à mordre , car sous l’effet du stress
la frappe défensive des vipères semblent plus désordonnée et moins précise qu’une frappe à but
alimentaire. La quantité de venin injectée peut être nulle dans le cas ou la vipère ne se sent pas trop
agressée ; dans ce cas il s’agit juste d’une intimidation ( elle peut même frapper gueule fermée) ;
Cependant , si elle est manipulée violemment ou agressée physiquement, la vipère va libérer un maximum
de venin pendant la fraction de secondes que dure la morsure( c’est notamment le cas lorsqu’elle est
écrasée sous la chaussure d’un promeneur).
La couleuvre à collier, elle, va déployer plusieurs stratagèmes pour échapper à son agresseur. Si la fuite n’est pas possible, la couleuvre à collier va en général se lover sur elle même
en adoptant un comportement menaçant, sifflant très fort, faisant parfois mine de frapper, mais toujours gueule fermée. Certains individus , j ai surtout noté cela chez les spécimens juvéniles, vont
faire le mort ; gueule ouverte, langue pendante, elle se laisse manipuler en se décontractant
Complètement, de telle sorte qu’on peut la manipuler comme un vulgaire bout de ficelle sans qu’elle
réagisse. Ce comportement original peut faire ses preuves pour un observateur néophyte, car si on
la laisse tranquille, la couleuvre peut au bout d’un moment, « reprendre vie » instantanément et
tenter de fuir en quatrième vitesse. Ces trois solutions ne semblent pas liées à une chronologie
particulière, puisque certains individus simulent immédiatement la mort des qu’on les saisi, alors que
d’autres essayent de fuir entre les mains tout en sifflant et ne feront jamais « le mort ». Ceci dit
j’ai plus souvent observé ce dernier comportement chez les juvéniles que chez les adultes.